Avec le solo Ici je lègue ce qui ne m’appartient pas le chorégraphe bruxellois Habib Ben Tanfous part sur les traces de ce qui le constitue. Avant même sa naissance, Habib, arrière-petit-fils de Habib, hérite de ce nom et de son histoire. Comment ces récits prennent-ils place dans sa vie ? Où se logent-ils ? Sont-ils vraiment les siens ? S’inspirant d’archives familiales, de souvenirs d’enfance et d’évènements personnels récents, Habib Ben Tanfous fait de son corps l’épicentre de sa recherche et le support de son langage. Viscéral, délicat, singulier, son vocabulaire traduit les ambivalences intimes d’un héritage omniprésent et autour duquel il compose une danse incisive et bouleversante. Tressaillir, murmurer, se redresser, regarder devant soi, se retourner parfois, se départir du fardeau patrimonial tout en se nourrissant de sa richesse, s’attacher à ses joies tout en acceptant sa mélancolie. Au cœur de ces multiples déclinaisons de mouvements se niche la tentative de répondre aux échos du passé en habitant le présent.

En dialoguant avec les musiques et les voix qui peuplent l’espace, Habib Ben Tanfous nous rappelle que nous ne sommes pas seul.e.s mais entouré.e.s des présences d’hier, d’aujourd’hui et de demain. A travers elles, il nous interroge : de ces choses que l’on nous lègue, que transmettre à son tour ? De fils en père et de père en fille. Et puisque la vie suit le cycle qu’on lui connait, n’est-il pas encore temps de reprendre son souffle, de chanter et de tourbillonner ?

Ici je lègue ce qui ne m’appartient pas est à la fois un acte testamentaire et une déclaration d’amour. De cet antagonisme se dégage une force implacable : celle del’affirmation de la puissance à la fois plurielle et unique d’être à soi et au monde. Hanna El Fakir

With the solo Ici je lègue ce qui ne m’appartient pas, Brussels choreographer Habib Ben Tanfous sets out on the trail of what constitutes him. Even before his birth, Habib, the great-grandson of Habib, inherited the name and its history. What place do these stories take in his life? Where do they fit in? Are they really his? Drawing on family archives, childhood memories and recent personal events, Habib Ben Tanfous makes his body the epicentre of his research and the medium of his language. Visceral, delicate, unique, his vocabulary translates the intimate ambivalences of an omnipresent heritage around which he constructs an incisive and deeply moving dance. Trembling, murmuring, straightening, looking ahead, and sometimes looking back, shedding the burden of his heritage while feeding off its richness, holding on to its joys while accepting its melancholy. At the heart of these multiple variations of movement lies the attempt to respond to echoes of the past whilst inhabiting the present.

In dialogue with the music and voices that fill the space, Habib Ben Tanfous reminds us that we are not alone but surrounded by the presences of yesterday, today, and tomorrow. Through them he asks us: of all these things that are left to us, what can we pass on? From son to father and from father to daughter. And since life follows a cycle we all know, isn’t it time to catch our breath, to sing and whirl?

Ici je lègue ce qui ne m’appartien pas is both a testamentary act and a declaration of love. An implacable force emerges from this antagonism: that of the affirmation of the power – both plural and singular – to be oneself in the world.

Text by Hanna El Fakir