Le mouvement, le corps, portent mémoire. Toute la densité de ce qu’on appelle un peu vite une attitude corporelle est en réalité comme une biographie qui se devine à fleur de corps mais dont le texte intégral reste logé (et accessible) en profondeur. C’est à un tel travail d’archéologie que Meytal Blanaru a consacré, entre 2010 et 2020, une série spectacles — Aurora (2010), We were the future (2017) et Rain (2020) — sur la mémoire corporelle, jusqu’à retrouver en elle-même le souvenir longtemps recouvert d’abus sexuels subis dans l’enfance, dont le solo Rain est la confrontation/transfiguration chorégraphique. Engagée depuis dans une recherche sur les résiliences et les reconstructions dont se rendent capables ceux, et surtout celles, qui y sont confronté.es, Meytal a pris l’habitude de concevoir ses créations au travers d’ateliers d’exploration Fathom High avec des non professionnels dont le vécu est proche des thématiques abordées. Son prochain solo, Dark Horse, prend à nouveau pour point de départ un élément autobiographique (le dépistage d’un gène qui augmente drastiquement les risques de cancer du sein et des ovaires) pour l’élargir aux questions proprement politiques liées à la maladie et aux traitements invasifs, aux chirurgies reconstructrices et à notre image de la féminité.