Dans Vacances vacance, la maladresse, les congés, la maladie ou la mort sont autant de façons d’habiter son corps sans y être, de le précéder ou de se tenir à côté. La grâce, cette échappée des contraintes du corps, ce « fantôme de la danse » qui en hante encore les attentes implicites et distingue les corps dignes d’occuper la scène de ceux qui restent assis, en est une autre, sans doute plus retorse mais finalement pas moins partagée : qui ne peut témoigner l’avoir éprouvée au moins une fois ?
Dans L’art de conserver la santé (et sa version herborisante qu’est La Ballade des Simples), la langue à la fois très simple, subtile et très ludique des vers du Regimen Sanitatis Salernitarium dénombre la foule d’éléments et d’événements qui viennent concerner, troubler ou réconforter le corps humain. Cette langue médiévale, reprise aujourd’hui par le chant et remise en mouvement sur la scène, nous parle comme à neuf de cette réalité peu considérée mais ininterrompue et constamment fluctuante qu’est le rapport de nos corps aux choses du monde.